Selma, un film d'actualité
Une petite église en Alabama, des jeunes afro-américaines parlent de la coupe de cheveux de Coretta
Scott King, la femme de Martin Luther King, admiratives, elles se demandent comment celle-ci arrive
à être aussi élégante. Une des jeunes filles intervient et indique qu’elle sait comment il faut s’y
prendre. Elle n’a pas eu le temps de finir son explication qu’elle est projetée en l’air. Tout vole, tout
éclate autour des jeunes filles victimes d’un attentat. Le bruit de l’explosion est assourdissant mais le
silence qui suit l’est encore plus.
Le film dont je vais vous parler commence sur cette scène révoltante.
Jeudi 9 avril, des élèves de 1ère et de terminale sont allées voir Selma au CAC de Meudon.
Selma est un film américain réalisé par Ava DuVernay. Le scénario a été écrit par Paul Webb et le film
dure un peu plus de 2h. Martin Luther King vient de recevoir le prix Nobel en 1964 mais de nombreux
afro-américains ne peuvent pas voter dans des villes comme Selma. Le président Lyndon B Jonhson
n’intervenant pas, les habitants de Selma vont organiser une marche pacifique, avec Martin Luther
King à leur tête.
D’après mon sondage, plus de la moitié des élèves ont aimé ce film, aucun déclare ne pas l’avoir aimé
et quelques-uns étaient partagés. Voici ce qu’on entendait, à la sortie de la salle et une semaine
après…
Quelques élèves mentionnent le coté trop scolaire du film, son manque de rythme, et son aspect
documentaire. Mais la plupart s’accorde à dire qu’en sortant du film, on en a appris plus sur la vie de
Martin Luther King, jusqu’alors le pasteur ayant prononcé le discours « i have a dream… » vu en
cours d’anglais, sur son combat mais aussi sur ses relations avec sa famille, ses proches, les médias et
toute la stratégie qui en découle : en effet, pour qu’une manifestation ou une marche ait un impact
aux Etats Unis et, par extension, dans le monde, il faut qu’elle soit suivie par des journalistes. De
plus, cet événement historique de la marche de Selma pour le droit de vote des afro-américains était
méconnu en France et la gravité de la situation avant la marche l’était encore plus des élèves.
Mais chacun sait que pour instruire, il faut plaire, voici donc ce qui nous a plu dans le film.
Commençons par le jeu remarquable de l’acteur David Oyelowo, interprétant Martin Luther King,
qui nous a tous impressionnés et émus. Les images d’archives à la fin du film étaient intéressantes et
rendaient la fin plus émouvante : ce qui venait de se dérouler sous nos yeux avait vraiment eu lieu, et
on en avait la preuve. La musique du film est aussi saisissante, associée à des images de lutte ou de
marche, elle contribue à faire monter la tension (et à tirer des larmes aux plus sensibles…). Nous
retenons chacun des choses différentes et similaires. Après avoir vu Selma, il est impossible de ne
pas retenir la violence de la plupart des scènes. «Comment encore croire en l’humanité alors que
l’homme ne cesse de persécuter l’homme? », « une lutte pacifique est-elle vraiment plus efficace
qu’une lutte armée, à court terme ? et à long terme ? »
Le plus troublant en sortant du cinéma a été de se dire que des discriminations avaient encore lieu,
comme nous le prouvent les événements à Baltimore pendant les vacances de Pâques.
« Freddie Gray est décédé le 19 avril des suites d’une fracture des vertèbres cervicales une semaine
après son interpellation à Baltimore, qui compte plusieurs quartiers sensibles. Ce décès est le dernier
d’une série de bavures policières qui ont ravivé les tensions entre la communauté noire et les forces
de l’ordre» indique Libération le 28 avril 2015. Les funérailles de Freddie Gray ont ensuite dérapé en
une série de violences opposant les afro-américains de Baltimore et les forces de l’ordre.
Quand les Etats Unis deviendront-ils un pays de liberté et d’égalité pour tous ?